Monday, 15 June 2009

Student Essays Teacher Training 2009, Author Frederique

SAMSKARA ?

Un des but premier du yoga est le développement spirituel de l'homme. B.K.S Iyengar compare ce développement, en se référant aux sutras de Patanjali, à la croissance d'un arbre, de la graine à la pleine maturité. La graine de l'être humain est l'âme à l'intérieur de laquelle est cachée l'essence de notre être. L'âme, tout comme la graine de l'arbre, est ce qui fait grandir cet individu.
Dans la philosophie occidentale, le cerveau est le siège de la conscience, alors que pour le yoga, le cerveau n'est que la périphérie de cette dernière. Ainsi, par le biais des asanas, le yoga vise à étendre la conscience à la totalité du corps. Et, quand la prise de conscience est totale, c'est l'état de méditation.
Si chaque individu obéit au même schéma de développement, il n'en reste pas moins que nous sommes tous différents. Un des éléments qui définit chaque individu est samskara. L'être humain n'est il pas une créature d'habitudes ?
Samskara vient du sanskrit sam (entier, réuni) et kara (action, cause). Selon la philosophie yogic, chaque être né avec un héritage karmic constitué de schémas émotionnels et mentaux, c'est notre samskara. C'est aussi des impressions individuelles, des idées, des actions. Samskara représente nos différents conditionnements. La notion de samskara est étroitement liée à la notion de vasana. Vasana littéralement veut dire odeur. C'est l'impression d'une action qui reste inconsciemment dans l'esprit, et qui entraine cette personne à reproduire cet action. Cet action va devenir avec le temps un comportement, un conditionnement, un samskara . Patanjali en parle dans le sutra 4 :8 .: « Car nous sommes influencés par nos souvenirs subconscients liés à des imprégnations antérieurs. » Les samaskara s'opposent à la spontanéité de la vie qui demande des réponses neuves, adaptées à la situation du moment, et non des schémas figés.
Les samskaras peuvent être positifs : nirodhah samskara ou négatifs. : vyutthana samskara. Lorsqu'ils sont négatifs, ils freinent notre développement personnel. Les samskara, positif ou négatif, ont des conséquences sur les émotions, le mental, le corps et la respiration. Voici comment sont qualifiés ces différents états :
                        Vyutthana Samskara                                    Nirodhaha Samskara
Emotion :       dukha : Perturbé                              sukha : heureux
Mental :          daumanasya : Pessimiste                saumanasya : Opptimiste
Corps :                       Angamejayatva : Instabilité             angasthairyam : Stabilité
Respiration  : svasa prasvasa : respiration agitée           dirgha suksma : respiration posée
Les samskaras affectent donc le corps grossier, le corps subtil et le corps causal.
1-     Le corps grossier, sthula sarira correspond à l'enveloppe physique ou anatomique : anamaya Kosa.
2-     Le corps subtil, suksma sarira, est fait de :
-          pranamaya kosa : enveloppe physiologique
-          manomaya kosa : enveloppe mentale
-          vijnamaya Kosa : enveloppe intellectuelle
3-     Le corps causal ou Karanasarira. C'est le corps le plus intime, dont dépendent tous les autres. Il contient l'enveloppe spirituelle de félicité,    anandamaya Kosa.

Comment expliquer que l'on continue à soupirer après des impressions passées ?
Contrairement à la psychologie occidentale, il y a une différence entre le mental, manas, qui recueille les informations et l'intelligence, buddhi, qui a le pouvoir de discernement. (c.f arbre de l'introduction). Le discernement c'est pratyahara, le fait de cultiver et d'affiner les organes de perception. L'intelligence pondère donc le mental, nos sens et nos organes de perceptions. La plupart du temps c'est la mémoire qui actionne le mental est donc nous n'agissons qu'en fonction des expériences passées stockées dans cette dernière. On réagit immédiatement sous une impulsion, sans que ni buddhi, ni pratyahara, aient pu pondérer la mémoire. C'est le plaisir éprouvé lors d'actions familières, qui est à l 'origine de ces répétitions. Le rôle de pratyahara est de court-circuiter ces échanges et ainsi de permettre une liaison directe entre le mental et l'intelligence, et, dans son but ultime de purifier la conscience des ondes la pensée. Sutra 1 :43 : « La mémoire ayant été purifiée, comme vidée de sa substance, l'état d'unité sans raisonnement ne s'intéresse alors qu'à l'objet lui même, libre des connotations mentales. »

Ceci a une corrélation directe au niveau du système nerveux.

Comment cela se traduit-il ?
On parle d'habitude, bonne ou mauvaise, quand à un même stimulus une réponse est favorisée par rapport à une réponse qui serait considérée comme nouvelle. Pourquoi la réponse « habituelle » est elle favorisée ?
Lors d'un comportement conditionné, samskara, le message nerveux ne passe pas par le cerveau, centre nerveux supérieur mais par les centres nerveux périphériques. La réponse est plus rapide, on la qualifie de réponse réflexe. Et d'autre part, plus une réponse nerveuse est sollicitée, plus les connections neuronales augmentent, et plus cette réponse est renforcée.

1- Au niveau de Anamaya Kosa : habitudes posturales du squelette axial, colonne vertébrale, cage thoracique, bassin.
La colonne vertébrale possède un équilibre intrinsèque. C'est un soutient indépendant de la force musculaire, une tension mécanique liée aux interconnexions intimes entre ligaments, cartilage et os. On observe le même phénomène au niveau du bassin, et de la cage thoracique. La pesanteur, de mauvaises habitudes posturales, entrainent des efforts musculaires parasites qui empêchent l'équilibre intrinsèque de se manifester. Le yoga, a pour but de supprimer ces forces musculaires parasites, inhibitrices. L'énergie n'étant plus  détournée dans ces mauvaises habitudes posturales, il en résulte une libération d'énergie, une plus grande vitalité. Lors de la pratique des asanas, une des façons de se libérer de ces forces musculaires parasites, est de trouver un équilibre entre effort et abandon, et de se poser la question : Combien d'information à cet instant a besoin d'être traiter par mon cerveau ? Bref, ne pas se noyer sous des informations inutiles à la posture à cet instant précis.
2- Au niveau de Pranamaya Kosa:
En yoga, le but ultime des exercices de respiration (pranayama ) est de libérer le système des limitations fonctionnelles liées aux mauvaises habitudes. Ainsi le yoga, permet une respiration plus intégrée et équilibrée mais surtout habitue le corps à régir instinctivement à ce qu'on exige de lui dans les diverses positions et activités formant le quotidien et donc lui permet de se libérer des conditionnements et mauvaises habitudes posturales.

Comment se dépêtrer de samskara récalcitrants ?
Cette méthode est proposée dans un article de Bo Forbes («  Stuck in a rut ? »)
1_ Sankalpa (Intention)
Sankalpa est une façon consciente de communiquer ce que l'on souhaite à nos corps émotionnel et spirituel. Sankalpa agit comme guide lors de la pratique des asanas mais aussi dans la vie de tous les jours. Dédier sa pratique à quelqu'un ou quelque chose est un exemple de pratiquer sankalpa.
2- Tapas (Détermination).
Tapas est la détermination qui initie notre processus psychologique et qui nourrit la discipline nécessaire au changement. Retomber dans nos anciennes habitudes peut paraître dans un premier temps comme un soulagement, mais résister concentre une nouvelle énergie au service de nos nouvelles habitudes.
Une fois que l'intention et la détermination sont là, comment résister à la rapidité de la réponse réflexe ?
3- Shani (Ralentir).
Pour casser la réponse rapide, instinctive des vieux samskara, il faut tenter d'allonger le temps entre l'impulsion et l'action, et donc faire intervenir la réflexion.
4- Vidya (clairvoyance)
Vidya permet de reconnaître nos pensées, nos actions, nos comportements, qui peuvent être des samskara, cela augmente notre habilité à nous poser les bonnes questions, à essayer de voir ce que ces habitudes nous apprennent sur nous.

5- Abhaya  (courage, audace )
L'homme à tendance à avoir peur de ce qui ne lui est pas familier, ce qui favorise les anciens samskara. Abhaya nous aide à affronter l'inconnu, tolérer les épreuves sans retomber dans les anciens samskara.
6- Dashana (Vision).
Pour créer un nouveau samskara (bénéfique cette fois-ci), Dashana nous aide à l'envisager concrètement. Le nouveau samskara doit être plus attrayant que l'ancien, plus vivant, plus vrai.
7- Abhyasa (Pratique)
La pratique aide à renforcer le nouveau samskara par rapport à l'ancien.

Dans un cours de yoga les élèves présentent aussi des samskara, dans la façon d'exécuter les asanas, par exemple. Il y aura toujours l'élève, déconnecté de son corps, qui voudra aller au-delà de ses capacités jusqu'à se faire mal. Le rôle du professeur sera d'aiguiser son discernement et de l'amener progressivement à trouver l'équilibre entre effort et abandon.
Réussir à prendre conscience d'un samskara et le modifier est une grande victoire dans le sens où l'individu réalise qu'il est possible de changer, d'avancer, de se régénérer. Cette aptitude au changement, cette adaptabilité, n'est elle pas en quelque sorte la promesse de la jeunesse éternelle !



Biblio :
Yoga Anatomie et Mouvements de Leslie Kaminoff
L'article « Stuck in a Rut » de Bo Korbes
Les Yoga Sutras de Patanjali
L'arbre du Yoga de B.K.S. Iyengar.

1 comment:

Anonymous said...

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